épître à un nouveau concitoyen
Même si cela doit s'écarter un peu de mon sujet, je me permets de faire paraître ici une épître que j'écrivis à un ami nouvellement naturalisé...
France, ma vieille mère aux rides vénérables
Ennuyée d’enfanter des avortons minables
Tu viens, pour compenser ces rejetons ingrats
D’adopter un enfant du lointain Canada.
Enfin, vieille obstinée, tu retrouves ton sens
Et ne refuses plus l’hommage éblouissant
D’un trouvère achevé, d’un gentilhomme insigne
Qui daigne t’honorer, vieille coquette indigne !
Et toi, frère nouveau, Français de préférence
Toi qui choisis sans peur d’être de cette engeance
Qui ridicule et fière en vain s’enorgueillit
D’être unique et bizarre entre tous les pays,
Toi, courageux lion qui veux être un vieux coq
Qui pour un lourd terroir épuisé par le soc
Délaisses la contrée des flamboyants érables
Nous t’accueillons, ami, citoyen admirable !
Mais ce plaisir inouï, cette étrange surprise
Cette chance étonnante, imméritée, exquise
Nous ne la devons pas à nos faibles vertus
Au charme défraîchi de notre esprit obtus,
Mais bien à la douceur, au charme sans pareil
D’une belle Française aux cheveux de soleil.
Louée sois-tu, Céline, entre les citoyennes
De faire un citoyen d’un sujet de la reine !
Je ne résiste pas au plaisir de publier ici - j'espère que son auteur ne m'en voudra pas de cette liberté - la réponse de ce citoyen admirable ; c'est à vous consoler de bien des choses... Je te remercie de ton poeme sublime, Qui m'a souhaité la bienvenue en rimes, Je suis très content d'être enfin français, Et tout le monde bien sûr le sait ! Mais tu as raison, je suis un peu sous le choc, De me trouver tout un coup un vieux coq! De toute facons je suis ravi d'être au pays de D'Alembert, Je me tourne vers l'avenir, comme je suis amoureux du camembert!